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Physique
Atypique. Dérangeant. Bizarre. Serghei ne ressemblait pas à sa famille. Il en était même l'exacte opposé. La première chose que l'on remarque chez le garçon c'est son nez. Un nez aplati qui fait sa particularité et qui donne à son visage cet aspect singulier. Ses cheveux sont aussi noirs que ceux de sa mère sont blonds. Des cheveux couleurs corbeau, ébouriffés en permanence et trop long pour un garçon de son âge. Parfois ces mêmes cheveux obstruent sa vue et masquent ses yeux. Ses petits yeux à l'iris couleur noisette. Son regard profond surmontés de ses épais sourcils dérange les autres. Il vous met mal à l'aise sans pour autant le vouloir. Son sourire est étrange, toujours faux ou forcé. Il n'a pas l'habitude de sourire. Les muscles de son visage ne se crispent presque jamais. Son visage n'est que rarement expressif. Il donne cette impression d'un petit garçon jamais content et qui n'a envie de rien. Petit et gringalet, on le confond avec un morceau de sucre pouvant se réduire en poussière au moindre mouvement brusque, mais il est bien plus fort qu'on veut bien le croire. Les chutes ne l'effraient pas, mais il se blesse. Son corps marque rapidement et il n'est pas rare de voir des petits bleus ou des petites égratignures couvrir ses jambes et parfois ses bras. |
Caractère
Serghei a toujours eu cette impression récurrente d'être rejeté, d'être indésirable, de n’être qu’un misérable accident de parcours dans la vie d’une jeune fille. Sa mère. Sa propre mère qui ne voulait pas de lui. Il se demande même comment ses grands-parents ont continué d'accepter leur fille sous leur toit. Ses grands-parents, justement, ignorent souvent le garçon. C'est un enfant illégitime, alors à quoi bon ? Ils l'ont abandonné. Il l'a toujours su. Il n'était qu'une entrave. Un boulet à jamais attaché à leur cheville. Personne pourtant ne voit ses qualités. Ses facilités scolaires sont déconcertantes, contrairement à sa famille qui n'est même pas capable d'écrire en anglais sans faire vingt fautes d'orthographe en trois lignes. Il apprend seul, se débrouille seul. Autodidacte. Il est désespérément seul, mais cela ne le gêne pas. Cela ne le gêne plus. Face à lui-même il fait le point et se dit que c'est une bonne chose de ne pas attirer l'attention. Il est libre et curieux. Il aime disparaître, se cacher, être invisible. Les Vacaresco sont juifs, mais Serghei s'en moque, il ne comprend pas la notion de religion, il sait seulement qu'une étiquette lui est collée de force sur le front. Cela ne le gêne pas de se retrouver entouré de ce qu'ils appellent les non-juifs. Cela choque sa famille qui elle est pratiquante et cela l’isole un peu plus d’elle. Même si cette solitude l'arrange, elle le fait souffrir. Parfois il lui arrive d'être sociable, mais son comportement étrange et son accent des pays de l’Est font fuir tous les enfants de son âge. Il décide alors de se construire une carapace, il ne veut plus souffrir, il se cache derrière ce masque du garçon insensible, indifférent, égoïste et solitaire. Un petit garçon trop étrange pour rentrer dans le moule. Au fond ce n'est qu'un enfant comme les autres. Il veut jouer, s'amuser, rêver apprendre et être aimé, mais cette carapace qu’il traine en permanence le fait plier, elle prend le dessus sur lui et le ronge. Il ne parvient plus à distinguer les bonnes intentions des mauvaises, la gentillesse de la moquerie, alors lui aussi devient moqueur et méchant, lui aussi devient méfiant. La révélation du monde magique ne le surprit pas tant que ça, pas plus que la réaction de sa famille qui le considérait comme une malédiction vivante, stupides croyants. Mais depuis il remet tout en question et notamment ses origines, sa famille… Sa vie. |
Goût
Des goûts simples. Neutres. L'excentricité ce n'est pas son dada, les beignets non plus d'ailleurs, il ne comprend pas l'engouement des enfants de son âge pour ces boules de pâtes fourrées beaucoup trop grasses et écoeurantes. Serghei s'est toujours montré sobre. On lui avait bien fait comprendre qu'il était déjà assez différent. Il fait tout son possible pour qu'on ne le remarque pas. Il joue seul, ferme les yeux et s'invente des histoires, des autres vies. Un jour Napoléon, l'autre Christophe Colomb. Serghei a toujours aimé l'histoire. À défaut de connaitre celle de sa famille qui reste muette au sujet de son père, il s'intéresse à celle de l'humanité. À travers ces longs et grands textes, il compense le manque de ce père qui aurait pu lui apporter de l'affection. On ne le saura jamais. Savoir ce qu'il s'est passé c'est tout ce qu'il demande. Il ne demande qu'à comprendre son histoire, il n'y a rien de pire pour lui de n'avoir que la moitié de son identité. Fils unique ? Oui, que Dieu en soit loué, un bâtard dans la famille c'est amplement suffisant. Pas de hiboux pour lui. Pour écrire à qui de toute façon ? Sa mère déchirerait la lettre en souriant et la jettera dans la cheminée sans remords. Sa maison n'est plus à Liverpool. Sa maison c'est Poudlard. Sa famille ne porte plus le nom de Vacaresco. Sa famille porte le nom de Serdaigle. |